Tu cours à ta ruine, et vas tout hasarder
Sur la foi d’un amant qui n’en sauroit garder[1].
Je me trompe, il n’est point volage ;
J’ai vu sa fermeté, j’en ai cru ses soupirs ;
Et si je flatte mes desirs,
Une si douce erreur n’est qu’à mon avantage.
Me manquât-il de foi, je la lui dois garder,
Et pour perdre Doraste il faut tout hasarder.
Cléandre, elle est à toi ; j’ai fléchi son courage.
Que ne peut l’artifice, et le fard du langage ?
Et si pour un ami ces effets je produis,
Lorsque j’agis pour moi, qu’est-ce que je ne puis ?
Scène VII.
[2],
Comme s’il y gardoit encor quelque pratique ;
Et même, à son visage, il semble assez content.
Auroit-il regagné cet esprit inconstant ?
Oh ! qu’il feroit bon voir que cette humeur volage
Deux fois en moins d’une heure eût changé de courage !
Que mon frère en tiendroit, s’ils s’étoient mis d’accord[3] !
Il faut qu’à le savoir je fasse mon effort.
Ce soir, je sonderai les secrets de son âme ;
Et si son entretien ne me trahit sa flamme,