Que je la prends bien moins pour moi que pour mon père ;
Je la porte à ma chambre : épargnons les discours ;
Fais avancer tes gens, et dépêche.
Lorsque de son honneur je lui rends l’assurance,
C’est quand je trompe mieux sa crédule espérance :
Mais puisqu’au lieu de moi je lui donne un ami,
À tout prendre, ce n’est la tromper qu’à demi.
Scène IV.
La voyant échapper, je courois après elle ;
Mais un maudit galant m’est venu brusquement
Servir à la traverse un mauvais compliment,
Et par ses vains discours m’embarrasser de sorte
Qu’Angélique à son aise a su gagner la porte.
Sa perte est assurée, et le traître Alidor[1]
La posséda jadis, et la possède encor.
Mais jusques à ce point seroit-elle imprudente ?
Il n’en faut point douter, sa perte est évidente[2] ;
Le cœur me le disoit, le voyant en sortir,
Et mon frère dès lors se devoit avertir.
Je te trahis, mon frère, et par ma négligence,
Étant sans y penser de leur intelligence…