Tu m’adores, dis-tu ? tu le fais bien paroître,
Rejetant mon bonheur ainsi sur un peut-être.
Quoi qu’ose mon amour appréhender pour vous,
Puisque vous le voulez, fuyons, je m’y résous ;
Et malgré ces périls… Mais on ouvre la porte :
C’est Doraste qui sort, et nous suit à main-forte.
Scène VII.
troupe d’amis.
Je ne viens qu’à dessein de vous accompagner ;
Car vous n’entreprenez si matin ce voyage
Que pour vous préparer à notre mariage.
Encor que vous partiez beaucoup devant le jour,
Vous ne serez jamais assez tôt de retour ;
Vous vous éloignez trop, vu que l’heure nous presse.
Infidèle ! est-ce là me tenir ta promesse ?
Eh bien, c’est te trahir. Penses-tu que mon feu
D’un généreux dessein te fasse un désaveu ?
Je t’acquis par dépit, et perdrois avec joie.
Mon désespoir à tous m’abandonnoit en proie,
Et lorsque d’Alidor je me vis outrager,
Je fis armes de tout afin de me venger.
- Remettant mon bonheur ainsi sur un peut-être.
- ALID. Encor que mon amour appréhende pour vous,
- Puisque vous le voulez, eh bien ! je m’y résous :
- Fuyons, hasardons tout. Mais on ouvre la porte. (1637-57)