L’amour m’a fait trahir (qui n’en trahiroit pas ?),
Et la trahison seule a pour lui des appas.
Son crime est sans excuse, et le mien pardonnable :
Il est deux fois, que dis-je ? il est le seul coupable[1] ;
Il m’a prescrit la loi, je n’ai fait qu’obéir ;
Il me trahit lui-même, et me force à trahir.
Déplorable Angélique, en malheurs sans seconde,
Que veux-tu désormais, que peux-tu faire au monde[2],
Si ton ardeur sincère et ton peu de beauté
N’ont pu te garantir d’une déloyauté ?
Doraste tient ta foi ; mais si ta perfidie
A jusqu’à te quitter son âme refroidie,
Suis, suis dorénavant de plus saines raisons,
Et sans plus t’exposer à tant de trahisons[3],
Puisque de ton amour on fait si peu de conte,
Va cacher dans un cloître et tes pleurs et ta honte[4].
- ↑ Var. Il est deux fois, que dis-je ? il est seul le coupable. (1657)
- ↑ Var. Que peux-tu désormais, que peux-tu faire au monde,
Si ton amour fidèle et ton peu de beauté. (1637-57) - ↑ Var. Et ne t’expose plus à tant de trahisons,
Et tant qu’on ait pu voir la fin de ce méconte. (1637-57) - ↑ Var. Va cacher dans ta chambre et tes pleurs et ta honte. (1633-60)