ACTE V.
Scène première.
Accordez-moi ma grâce avant qu’entrer chez vous.
Vous voulez donc enfin d’un bien commun à tous ?
Craignez-vous qu’à vos feux ma flamme ne réponde ?
Et puis-je vous haïr, si j’aime tout le monde[1] ?
Votre bel esprit raille, et pour moi seul cruel,
Du rang de vos amants sépare un criminel :
Toutefois mon amour n’est pas moins légitime,
Et mon erreur du moins me rend vers vous sans crime.
Soyez, quoi qu’il en soit, d’un naturel plus doux :
L’amour a pris le soin de me punir pour vous ;
Les traits que cette nuit il trempoit de vos larmes[2]
Ont triomphé d’un cœur invincible à vos charmes.
Puisque vous ne m’aimez que par punition,
Vous m’obligez fort peu de cette affection.
Après votre beauté sans raison négligée,
Il me punit bien moins qu’il ne vous a vengée.