Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/302

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Toutefois, après tout, mon humeur est si bonne
Que je ne puis jamais désespérer personne.
Sachez que mes desirs, toujours indifférents,
Iront sans résistance au gré de mes parents ;
1250Leur choix sera le mien : c’est vous parler sans feinte.

CLÉANDRE.

Je vois de leur côté mêmes sujets de crainte ;
Si vous me refusez, m’écouteront-ils mieux[1] ?

PHYLIS.

Le monde vous croit riche, et mes parents sont vieux.

CLÉANDRE.

Puis-je sur cet espoir…

PHYLIS.

Puis-je sur cet espoir…C’est assez vous en dire[2].



Scène II.

ALIDOR, CLÉANDRE, PHYLIS.
ALIDOR.

1255Cléandre a-t-il enfin ce que son cœur desire ?
Et ses amours, changés par un heureux hasard,
De celui de Phylis ont-ils pris quelque part ?

CLÉANDRE.

Cette nuit tu l’as vue en un mépris extrême,
Et maintenant, ami, c’est encore elle-même :
1260Son orgueil se redouble étant en liberté,
Et devient plus hardi d’agir en sûreté.
J’espère toutefois, à quelque point qu’il monte,
Qu’à la fin…

PHYLIS.

Qu’à la fin…Cependant que vous lui rendrez conte.

  1. Var. Si vous me refusez, m’écouteroient-ils mieux ? (1637-60)
  2. Var.  Il vous faudroit tout dire. (1637-60)