Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LYCANTE.

1350Faites mieux : puisqu’à peine elle pourroit prétendre
Une fortune égale à celle de Cléandre,
En faveur de ses biens calmez votre courroux,
Et de son ravisseur faites-en son époux.
Bien qu’il eût fait dessein sur une autre personne,
1355Faites-lui retenir ce qu’un hasard lui donne ;
Je crois que cet hymen pour satisfaction
Plaira mieux à Phylis que sa punition.

DORASTE.

Nous consultons en vain, ma poursuite étant vaine.

LYCANTE.

Nous le rencontrerons, n’en soyez point en peine :
1360Où que soit sa retraite, il n’est pas toujours nuit ;
Et ce qu’un jour nous cache, un autre le produit.
Mais, Dieux ! voilà Phylis qu’il a déjà rendue.



Scène V.

DORASTE, PHYLIS, LYCANTE.
DORASTE.

Ma sœur, je te retrouve après t’avoir perdue[1] !
Et de grâce, quel lieu me cache le voleur[2]
1365Qui, pour s’être mépris, a causé ton malheur ?
Que son trépas…

PHYLIS.

Que son trépas…Tout beau ; peut-être ta colère,
Au lieu de ton rival, en veut à ton beau-frère[3].

    Et de son ravisseur faites-en son mari.
    Encor que son dessein ne fût pour sa personne. (1637-57)

    (a) Le verbe est au pluriel dans toutes les éditions indiquées.

  1. Var. Ma sœur, je te retiens après t’avoir perdue ! (1637)
  2. Var. Et de grâce, quel lieu recèle le voleur. (1637-57)
  3. Var. Au lieu de ton rival, attaque ton beau-frère. (1637-57)