Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène VI.

DORASTE, CLÉANDRE, PHYLIS, LYCANTE.
CLÉANDRE.

Si vous n’êtes d’humeur, Madame, à vous dédire[1],
Tout me rit désormais, j’ai leur consentement.
Mais excusez, Monsieur, le transport d’un amant ;
Et souffrez qu’un rival, confus de son offense,
1395Pour en perdre le nom entre en votre alliance.
Ne me refusez point un oubli du passé ;
Et son ressouvenir à jamais effacé,
Bannissant toute aigreur[2], recevez un beau-frère
Que votre sœur accepte après l’aveu d’un père.

DORASTE.

1400Quand j’aurois sur ce point des avis différents,
Je ne puis contredire au choix de mes parents ;
Mais outre leur pouvoir, votre âme généreuse,
Et ce franc procédé qui rend ma sœur heureuse,
Vous acquièrent les biens qu’ils vous ont accordés,
1405Et me font souhaiter ce que vous demandez.
Vous m’avez obligé de m’ôter Angélique ;
Rien de ce qui la touche à présent ne me pique :
Je n’y prends plus de part, après sa trahison.
Je l’aimai par malheur, et la hais par raison.
1410Mais la voici qui vient, de son amant suivie.

  1. Var. Si tu n’es, mon souci, d’humeur à te dédire. (1637-57)
  2. Il y a tout aigreur, au masculin, dans les éditions de 1648-57. Voyez la note relative au mot ardeur, tome I, p. 465, note 2.