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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/310

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Scène VII.

ALIDOR, ANGÉLIQUE, DORASTE, CLÉANDRE, PHYLIS, LYCANTE[1].
ALIDOR.

Finissez vos mépris, ou m’arrachez la vie.

ANGÉLIQUE.

Ne m’importune plus, infidèle. Ah ! ma sœur !
Comme as-tu pu sitôt tromper ton ravisseur ?

PHYLIS, à Angélique.

Il n’en a plus le nom ; et son feu légitime,
1415Autorisé des miens, en efface le crime ;
Le hasard me le donne, et changeant ses desseins,
Il m’a mise en son cœur aussi bien qu’en ses mains.
Son erreur fut soudain de son amour suivie ;
Et je ne l’ai ravi qu’après qu’il m’a ravie.
1420Jusque-là tes beautés ont possédé ses vœux ;
Mais l’amour d’Alidor faisoit taire ses feux.
De peur de l’offenser te cachant son martyre,
Il me venoit conter ce qu’il ne t’osoit dire ;
Mais nous changeons de sort par cet enlèvement[2] :
1425Tu perds un serviteur, et j’y gagne un amant[3].

DORASTE, à Phylis.

Dis-lui qu’elle en perd deux ; mais qu’elle s’en console,
Puisque avec Alidor je lui rends sa parole[4].
(À Angélique.)
Satisfaites sans crainte à vos intentions ;
Je ne mets plus d’obstacle à vos affections.
1430Si vous faussez déjà la parole donnée,

  1. Dans l’édition de 1637, ALIDOR, ANGÉLIQUE, DORASTE sont seuls nommés en tête de la scène ; les autres personnages sont remplacés par un etc.
  2. Var. Mais la chance est tournée en cet enlèvement. (1637-57)
  3. Var. Tu perds un serviteur, et je gagne un amant. (1637)
  4. Var. Puisque avec Alidor je lui rends la parole. (1648)