Que ne feriez-vous[1] point après notre hyménée ?
Pour moi, malaisément on me trompe deux fois :
Vous l’aimez, j’y consens, et lui cède mes droits[2].
Puisque vous me pouvez accepter sans parjure,
Pouvez-vous consentir que votre rigueur dure[3] ?
Vos yeux sont-ils changés, vos feux sont-ils éteints ?
Et quand mon amour[4] croît, produit-il vos dédains ?
Voulez-vous…
Si je t’aime jamais, je veux cesser de vivre.
Quel espoir mal conçu te rapproche de moi ?
Aurois-je de l’amour pour qui n’a point de foi ?
Quoi ! le bannissez-vous parce qu’il vous ressemble ?
Cette union d’humeurs vous doit unir ensemble.
Pour ce manque de foi c’est trop le rejeter :
Il ne l’a pratiqué que pour vous imiter.
Cessez de reprocher à mon âme troublée
La faute où la porta son ardeur aveuglée.
Vous seul avez ma foi, vous seul à l’avenir
Pouvez à votre gré me la faire tenir :
Si toutefois, après ce que j’ai pu commettre,
Vous me pouvez haïr jusqu’à me la remettre,
Un cloître désormais bornera mes desseins ;
C’est là que je prendrai des mouvements plus sains[5] ;
- ↑ L’édition de 1682 donne seule, et sans doute par erreur : ferez-vous, pour feriez-vous.
- ↑ Var. Vous l’aimiez, aimez-le : je lui cède mes droits. (1637-57)
- ↑ Var. Mon âme, se peut-il que votre rigueur dure ?
Suis-je plus Alidor ? vos feux sont-ils éteints ? (1637-57) - ↑ L’édition de 1682 porte par erreur : « Et quand mon cœur croît, etc. »
- ↑ Var. C’est la que je prendrai des mouvements plus saints. (1637-57)