Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/336

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êveries ?

Quoi, tant de solitude auprès de tant d’appas ?

Certes c’est un bonheur que je n’attendais pas.

Je n’osais espérer d’occasion si belle

À lui conter l’ardeur qui me brûle pour elle.

Florine

Que votre esprit est rare et sait adrettement

Faire une raillerie avec un compliment !

Afin qu’à votre amour je sois plus obligée,

Vous me traitez d’abord en fille négligée,

Qui tient si peu de cœurs asservis sous sa loi,

Que mêmes en ces lieux elle manque d’emploi.

Est-ce ainsi qu’un amant cajole ce qu’il aime ?

Asphalte

Ah ! ne m’imputez pas cet indigne blasphème :

Je sais trop que vos yeux règnent en toutes parts

Et que chacun se rend à leurs moindres regards.

Florine

Exceptez-en Aglante, il m’a bien fait paraître

Que Florine n’est pas ce qu’elle pensait être.

Asphalte

Il est vrai qu’il adore un autre objet que vous,

Et votre esprit peut-être en est un peu jalous ;

Mais si vous aviez vu l’excès de sa tristesse,

Et combien de soupirs lui coûte sa maîtresse,

Vous seriez la première à plaindre ses malheurs.

Florine

Quelque orgueilleux mépris fait naître ses douleurs.

Asphalte

La beauté dont Aglante idolâtre les charmes

D’un déluge de pleurs accompagne ses larmes ;

Arbaze, unique auteur de tous leurs déplaisirs,

Oppose sa puissance à leurs chastes désirs ;

Son esprit irrité court à la violence :

La prière l’aigrit et la raison l