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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/337

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’offense.

Il vient, la force en main ; et l’ayant vu partir,

J’ai cru de mon devoir de les en avertir.

Les voilà tout en pleurs.

(Il faut toujours remarquer que Cléonice ne doit paraître le visage découvert devant Florine.)

Florine

Evitons leur présence ;

Mes larmes ne sauraient couler par complaisance :

Mon humeur est trop gaie, et, pour ne rien celer,

J’aime mieux rire ailleurs que de les consoler.

Scène VII

Cléonice, Aglante

Cléonice

Mon Philène, as-tu donc un père si barbare

Qu’il veuille séparer une amitié si rare ?

Aglante

Vous l’avez entendu : ce vieillard inhumain,

Pour en rompre les nœuds, vient la force à la main,

Et dès le soir me livre à cette autre maîtresse,

Résolu que ma foi dégage sa promesse.

Cléonice

Ah, dure tyrannie ! ah, rigoureux destin !

Donc un si triste soir suit un si beau matin ?

Le même jour propice et contraire à nos flammes

Va désunir deux corps dont il unit les âmes,

Fait nos biens et nos maux, et du matin au soir,

Voit naître nos désirs et mourir notre espoir.

Aglante

L’amour, ce doux vainqueur, ce père des délices,

Ainsi n’a pour nous deux que de cruels supplices,

Et ce tyran fait naître, aux dépens de nos pleurs,

D’un moment de plaisirs un siècle de douleurs.