Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/377

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Si vous me punissez, rendez-moi mon forfait.
Est-ce user comme il faut d’un pouvoir légitime,
Que me faire coupable et jouir de mon crime ?

Créon.

Va te plaindre à Colchos.

Médée.

Va te plaindre à Colchos. Le retour m’y plaira.
Que Jason m’y remette ainsi qu’il m’en tira :
Je suis prête à partir sous la même conduite
Qui de ces lieux aimés précipita ma fuite.
Ô d’un injuste affront les coups les plus cruels !
Vous faites différence entre deux criminels !
Vous voulez qu’on l’honore, et que de deux complices
L’un ait votre couronne, et l’autre des supplices !

Créon.

Cesse de plus mêler ton intérêt au sien.
Ton Jason, pris à part, est trop homme de bien :
Le séparant de toi, sa défense est facile ;
Jamais il n’a trahi son père ni sa ville ;
Jamais sang innocent n’a fait rougir ses mains ;
Jamais il n’a prêté son bras à tes desseins ;