Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/451

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Dont vous dites qu’Alcandre a tant d’expérience :
On m’en faisait l’état que vous faites de lui,
Et pas un d’eux n’a pu soulager mon ennui.
L’enfer devient muet quand il me faut répondre,
Ou ne me répond rien qu’afin de me confondre.

Dorante

Ne traitez pas Alcandre en homme du commun ;
Ce qu’il sait en son art n’est connu de pas un.
xx Je ne vous dirai point qu’il commande au tonnerre,
Qu’il fait enfler les mers, qu’il fait trembler la terre ;
Que de l’air, qu’il mutine en mille tourbillons,
Contre ses ennemis il fait des bataillons ;
Que de ses mots savants les forces inconnues
Transportent les rochers, font descendre les nues,
Et briller dans la nuit l’éclat de deux soleils ;
Vous n’avez pas besoin de miracles pareils :
Il suffira pour vous qu’il lit dans les pensées,
Qu’il connaît l’avenir et les choses passées ;
Rien n’est secret pour lui dans tout cet univers,
Et pour lui nos destins sont des livres ouverts.
Moi-même, ainsi que vous, je ne pouvais le croire :
Mais sitôt qu’il me vit, il me dit mon histoire ;
Et je fus étonné d’entendre le discours
Des traits les plus cachés de toutes mes amours.

Pridamant

Vous m’en dites beaucoup.

Dorante

xxxxxxxxxxxxxxxx J’en ai vu davantage.

Pridamant

Vous essayez en vain de me donner courage ;


 1.Var. On en faisoit l’état que vous faites de lui. (1639-57)
2. Var. Et connoît l’avenir et les choses passées. (1639)
3. Var. Et je fus étonné d’entendre les discours. (1639)
4. Var. Des traits les plus cachés de mes jeunes amours. (1639-60)