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ACTE I, SCÈNE II. 439

Produisent chaque jour de nouvelles merveilles,
À qui rien n’est secret dans nos intentions,
Et qui vois, sans nous voir, toutes nos actions :
Si de ton art divin le pouvoir admirable
Jamais en ma faveur se rendit secourable,
De ce père affligé soulage les douleurs ;
Une vieille amitié prend part en ses malheurs.
Rennes ainsi qu’à moi lui donna la naissance,
Et presque entre ses bras j’ai passé mon enfance ;
Là son fils, pareil d’âge et de condition,
S’unissant avec moi d’étroite affection…

Alcandre

Dorante, c’est assez, je sais ce qui l’amène :
Ce fils est aujourd’hui le sujet de sa peine.
xxVieillard, n’est-il pas vrai que son éloignement
Par un juste remords te gêne incessamment ?
Qu’une obstination à te montrer sévère
L’a banni de ta vue, et cause ta misère ?
Qu’en vain, au repentir de ta sévérité,
Tu cherches en tous lieux ce fils si maltraité ?

Pridamant

Oracle de nos jours, qui connois toutes choses,
En vain de ma douleur je cacherois les causes ;
Tu sais trop quelle fut mon injuste rigueur,
Et vois trop clairement les secrets de mon cœur.
Il est vrai, j’ai failli ; mais pour mes injustices
Tant de travaux en vain sont d’assez grands supplices :
Donne enfin quelque borne à mes regrets cuisants,
Rends-moi l’unique appui de mes débiles ans.
Je le tiendrai rendu, si j’en ai des nouvelles ;


1. Var. Rennes ainsi qu’à moi lui donne la naissance. (1639)
2. Var. Là de son fils et moi naquit l’affection :
Nous étions pareils d’âge et de condition. (l639-57)
3. Var. Oracle de nos jours, qui connoît toutes choses. (1639)
4. Var. Je le tiendrai rendu si j’en sais des nouvelles. (1639-68)