Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/463

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Qu’autrement ma colère iroit dedans les cieux
Le dégrader soudain de l’empire des Dieux,
Et donneroit à Mars à gouverner sa foudre.
La frayeur qu’il en eut le fit bientôt résoudre :
Ce que je demandois fut prêt en un moment ;
Et depuis, je suis beau quand je veux seulement.

Clindor

Que j’aurois, sans cela, de poulets à vous rendre !

Matamore

De quelle que ce soit, garde-toi bien d’en prendre,
Sinon de… Tu m’entends ? Que dit-elle de moi ?

Clindor

Que vous êtes des cœurs et le charme et l’effroi ;
Et que si quelque effet peut suivre vos promesses,
Son sort est plus heureux que celui des Déesses.

Matamore

Écoute. En ce temps-là, dont tantôt je parlois,
Les déesses aussi se rangeoient sous mes lois ;
Et je te veux conter une étrange aventure
Qui jeta du désordre en toute la nature,
Mais désordre aussi grand qu’on en voie arriver.
Le Soleil fut un jour sans se pouvoir lever,
Et ce visible dieu, que tant de monde adore,
Pour marcher devant lui ne trouvoit point d’Aurore :
On la cherchait partout, au lit du vieux Tithon,
Dans les bois de Céphale, au palais de Memnon ;
Et faute de trouver cette belle fourrière,
Le jour jusqu’à midi se passa sans lumière.

Clindor

Où pouvoit être alors la reine des clartés ?


1. Var. Et donneroit à Mars à gouverner son foudre. (1639-63) 2. Voyez ci-dessus, p. 144, note 2. 3. Var. Le jour jusqu’à midi se passoit sans lumière. (1639) 4. Var. Où se pouvoit cacher la reine des clartés ?