ACTE II, SCÈNE II. 451
Partout où j’ai trouvé des rois un peu trop vains,
J’ai détruit les pays pour punir leurs monarques,
Et leurs vastes déserts en sont de bonnes marques :
Ces grands sables qu’à peine on passe sans horreur
Sont d’assez beaux effets de ma juste fureur.
Revenons à l’amour : voici votre maîtresse.
Ce diable de rival l’accompagne sans cesse.
Où vous retirez-vous ?
Mais il a quelque humeur qui le rend insolent.
Peut-être qu’orgueilleux d’être avec cette belle,
Il seroit assez vain pour me faire querelle.
Ce seroit bien courir lui-même à son malheur.
Lorsque j’ai ma beauté, je n’ai point de valeur.
Cessez d’être charmant, et faites-vous terrible.
Mais tu n’en prévois pas l’accident infaillible ;
Je ne saurois me faire effroyable à demi :
Je tuerois ma maîtresse avec mon ennemi.
Attendons en ce coin l’heure qui les sépare.
Comme votre valeur, votre prudence est rare.
1. Dans l’édition de 1682, on lit, mais c’est probablement une faute d’impression :
"leurs pays, » pour : "les pays. »
2. Var. J’ai détruit les pays avecque les monarques. (1639-57)
3. Var. Lorsque j’ai ma beauté, je n’ai point ma valeur. (1639-68)