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ACTE II, SCÈNE VI. 459

Isabelle.

 Que m’allez-vous conter ?

Clindor.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx Que j’adore Isabelle,
Que je n’ai plus de cœur ni d’âme que pour elle,
Que ma vie…

Isabelle.

xxxxxxxxxxxxxxxx Épargnez ces propos superflus ;
Je les sais, je les crois : que voulez-vous de plus ?
Je néglige à vos yeux l’offre d’un diadème ;
Je dédaigne un rival : en un mot, je vous aime.
C’est aux commencements des foibles passions
À s’amuser encore aux protestations :
Il suffit de nous voir au point où sont les nôtres ;
Un coup d’œil vaut pour vous tous les discours des autres.

Clindor.

Dieux ! qui l’eût jamais cru, que mon sort rigoureux
Se rendît si facile à mon cœur amoureux !
Banni de mon pays par la rigueur d’un père,
Sans support, sans amis, accablé de misère,
Et réduit à flatter le caprice arrogant
Et les vaines humeurs d’un maître extravagant :
Ce pitoyable état de ma triste fortune
N’a rien qui vous déplaise ou qui vous importune ;
Et d’un rival puissant les biens et la grandeur
Obtiennent moins sur vous que ma sincère ardeur.

Isabelle.

C’est comme il faut choisir. Un amour véritable


1. Var. Un clin d’œil vaut pour vous tout le discours des autres. (1639)
Var. Un coup d’œil vaut pour vous tout le discours des autres. (1644-68)
2. Var. En ce piteux état, ma fortune si basse
Trouve encor quelque part eu votre bonne grâce. (1639-57)
3. Var. C’est comme il faut choisir, et l’amour véritable. (1639-57).