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460 L’ILLUSION.

S’attache seulement à ce qu’il voit aimable.
Qui regarde les biens ou la condition
N’a qu’un amour avare, ou plein d’ambition,
Et souille lâchement par ce mélange infâme
Les plus nobles désirs qu’enfante une belle âme.
Je sais bien que mon père a d’autres sentiments,
Et mettra de l’obstacle à nos contentements ;
Mais l’amour sur mon cœur a pris trop de puissance
Pour écouter encor les lois de la naissance.
Mon père peut beaucoup, mais bien moins que ma foi:
Il a choisi pour lui, je veux choisir pour moi.

Clindor

Confus de voir donner à mon peu de mérite…

Isabelle

Voici mon importun, souffrez que je l’évite.


Scène VII



Adraste, Clindor.

Adraste.

Que vous êtes heureux, et quel malheur me suit !
Ma maîtresse vous souffre, et l’ingrate me fuit.
Quelque goût qu’elle prenne en votre compagnie,
Sitôt que j’ai paru, mon abord l’a bannie.

Clindor.

Sans avoir vu vos pas s’adresser en ce lieu,
Lasse de mes discours, elle m’a dit adieu.

Adraste.

Lasse de vos discours ! votre humeur est trop bonne,
Et votre esprit trop beau pour ennuyer personne.
Mais que lui contiez-vous qui pût l’importuner ?

1.Var. S’attache seulement à ce qu’il voit d’aimable. (1639-60)
2. Var. Sans qu’elle ait vu vos pas s’adresser en ce lieu. (1639-60)

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