Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/475

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE II, SCÈNE VII. 461


Clindor.

</poem>Des choses qu’aisément vous pouvez deviner : Les amours de mon maître, ou plutôt ses sottises, Ses conquêtes en l’air, ses hautes entreprises.

Adraste.

Voulez-vous m’obliger ? votre maître, ni vous, N’êtes pas gens tous deux à me rendre jaloux ; Mais si vous ne pouvez arrêter ses saillies, Divertissez ailleurs le cours de ses folies.

Clindor.

Que craignez-vous de lui, dont tous les compliments Ne parlent que de morts et de saccagements, Qu’il bat, terrasse, brise, étrangle, brûle, assomme ?

Adraste.

Pour être son valet, je vous trouve honnête homme : Vous n’êtes point de taille à servir sans dessein Un fanfaron plus fou que son discours n’est vain. Quoi qu’il en soit, depuis que je vous vois chez elle, Toujours de plus en plus je l’éprouve cruelle : Ou vous servez quelque autre, ou votre qualité Laisse dans vos projets trop de témérité. Je vous tiens fort suspect de quelque haute adresse. Que votre maître enfin fasse une autre maîtresse ; Ou s’il ne peut quitter un entretien si doux, Qu’il se serve du moins d’un autre que de vous. Ce n’est pas qu’après tout les volontés d’un père, Qui sait ce que je suis, ne terminent l’affaire ; Mais purgez-moi l’esprit de ce petit souci, Et si vous vous aimez, bannissez-vous d’ici ; Car si je vous vois plus regarder cette porte, Je sais comme traiter les gens de votre sorte.</poem>

1. Divertissez, détournez. Voyez tome I, p. 184, note 1.
1. Var. Vous n’avez point la mine à servir sans dessein. (1639-57)