Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/532

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518 L’ILLUSION.

Qui ne méritoit pas la gloire d’être à vous.
D’un si lâche attentat souffrez le prompt supplice,
Et ne vous plaignez point quand on vous rend justice.
Adieu.

Isabelle.

xxxxx Vous ne l’avez massacré qu’à demi :
Il vit encore en moi ; soûlez son ennemi ;
Achevez, assassins, de m’arracher la vie.
xx Cher époux, en mes bras on te l’a donc ravie !
Et de mon cœur jaloux les secrets mouvements
N’ont pu rompre ce coup par leurs pressentiments !
O clarté trop fidèle, hélas ! et trop tardive,
Qui ne fait voir le mal qu’au moment qu’il arrive !
Falloit-il… Mais j’étouffe, et, dans un tel malheur,
Mes forces et ma voix cèdent à ma douleur ;
Son vif excès me tue ensemble et me console,
Et puisqu’il nous rejoint…

Lyse.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxx Elle perd la parole.
Madame… Elle se meurt ; épargnons les discours,
Et courons au logis appeler du secours.

(Ici on rabaisse une toile qui couvre le jardin et les corps de Clindor et d’Isabelle, et le Magicien et le père sortent de la grotte.)


Scène V.



Alcandre, Pridamant.


Alcandre.

Ainsi de notre espoir la fortune se joue :
Tout s’élève ou s’abaisse au branle de sa roue ;
Et son ordre inégal, qui régit l’univers,
Au milieu du bonheur a ses plus grands revers.

Pridamant.

Cette réflexion, mal propre pour un père,