Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/533

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ACTE V, SCÈNE V. 519

 Consoleroit peut-être une douleur légère ;
Mais après avoir vu mon fils assassiné,
Mes plaisirs foudroyés, mon espoir ruiné,
J’aurois d’un si grand coup l’âme bien peu blessée,
Si de pareils discours m’entroient dans la pensée.
Hélas ! dans sa misère il ne pouvoit périr ;
Et son bonheur fatal lui seul l’a fait mourir.
xx N’attendez pas de moi des plaintes
davantage :
La douleur qui se plaint cherche qu’on la soulage ;
La mienne court après son déplorable sort.
Adieu ; je vais mourir, puisque mon fils est mort.

Alcandre.

D’un juste désespoir l’effort est légitime,
Et de le détourner je croirais faire un crime.
Oui, suivez ce cher fils sans attendre à demain ;
Mais épargnez du moins ce coup à votre main ;
Laissez faire aux douleurs qui rongent vos entrailles,
Et pour les redoubler voyez ses funérailles.


(Ici on relève la toile, et tous les comédiens paroissent avec leur portier, qui comptent de l’argent sur une table, et en prennent chacun leur part.)

1. Le concierge et le portier avaient des attributions fort différentes, que Chapuzeau nous fait connaître en ces termes, en 1674, dans son Théâtre françois : "Le concierge a soin d’ouvrir l’hôtel et de le fermer, de le tenir propre et en bon ordre, et après la comédie de visiter exactement partout, de peur d’accident du feu."(P. 237.) — "Les portiers, en pareil nombre que les contrôleurs et aux mêmes portes, sont commis pour empêcher les désordres qui pourroient survenir ; et pour cette fonction, avant les défenses étroites du Roi d’entrer sans payer, on faisoit choix d’un brave, mais qui d’ailleurs sût discerner les honnêtes gens d’avec ceux qui n’en portent pas la mine. Ils arrêtent ceux qui voudroient passer outre sans billet, et les avertissent d’en aller prendre au bureau, ce qu’ils font avec civilité, ayant ordre d’en user envers tout le monde, pourvu qu’on n’en vienne à aucune violence. L’Hôtel de Bourgogne ne s’en sert plus, à la réserve de la porte du théàtre ; et en vertu de la déclaration du Roi, elle prend des soldats du régiment de ses gardes autant qu’il est nécessaire : ce que l’autre troupe qui a des portiers peut faire aussi au besoin. C’est ainsi que tous les désordres ont été bannis, et que le bourgeois peut venir avec plus de plaisir à la comédie." (P. 242.) — Quant à la manière dont on partageait la recette, voyez la Notice, p. 427.
2. Var. On tire un rideau, et on voit tous les comédiens qui partagent leur argent. (1639)