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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/534

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520 L’ILLUSION.


Pridamant.

Que vois-je ? chez les morts compte-t-on de l’argent ?

Alcandre.

Voyez si pas un d’eux s’y montre négligent.

Pridamant.

Je vois Clindor ! ah Dieux ! quelle étrange surprise !
Je vois ses assassins, je vois sa femme et Lyse !
Quel charme en un moment étouffe leurs discords,
Pour assembler ainsi les vivants et les morts ?

Alcandre.

Ainsi tous les acteurs d’une troupe comique,
Leur poëme récité, partagent leur pratique :
L’un tue, et l’autre meurt, l’autre vous fait pitié ;
Mais la scène préside à leur inimitié.
Leurs vers font leurs combats, leur mort suit leurs paroles,
Et, sans prendre intérêt en pas un de leurs rôles,
Le traître et le trahi, le mort et le vivant,
Se trouvent à la fin amis comme devant.
xx Votre fils et son train ont bien su, par leur fuite,
D’un père et d’un prévôt éviter la poursuite ;
Mais tombant dans les mains de la nécessité,
Ils ont pris le théâtre en cette extrémité.

<poem>
Pridamant

Mon fils comédien !

Alcandre.

xxxxxxxxxxxxxxxxx D’un art si difficile
Tous les quatre, au besoin, ont fait un doux asile ;



1. Var. Je vois Clindor, Rosine ! ah, Dieux ! quelle surpise !
Je vois leur assassin, je vois sa femme et Lyse ! (1639-57)
2. Var. Leurs vers font leur combat (a), leur mort suit leurs paroles. (1654-57)
3. Var. Tous les quatre, au besoin, en ont fait leur asile. (l639-59)

(a) L’édition de 1639 porte leur combats. Faut-il lire leur combat, ou leurs combats ?