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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/120

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LE CID.

Il alloit au conseil, dont l’heure qui pressoit[1]
40A tranché ce discours qu’à peine il commençoit ;
Mais à ce peu de mots je crois que sa pensée
Entre vos deux amants n’est pas fort balancée.
Le Roi doit à son fils élire un gouverneur,
Et c’est lui que regarde un tel degré d’honneur :
45Ce choix n’est pas douteux, et sa rare vaillance
Ne peut souffrir qu’on craigne aucune concurrence.
Comme ses hauts exploits le rendent sans égal,
Dans un espoir si juste il sera sans rival ;
Et puisque don Rodrigue a résolu son père
50Au sortir du conseil à proposer l’affaire,
Je vous laisse à juger s’il prendra bien son temps,
Et si tous vos désirs seront bientôt contents.

CHIMÈNE.

Il semble toutefois que mon âme troublée
Refuse cette joie, et s’en trouve accablée :
55Un moment donne au sort des visages divers,
Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers.

ELVIRE.

Vous verrez cette crainte heureusement déçue[2].

CHIMÈNE.

Allons, quoi qu’il en soit, en attendre l’issue.

  1. Var. Il alloit au conseil, dont l’heure qu’il pressoit. (1660)
  2. Var. Vous verrez votre crainte heureusement déçue. (1637-56)