La faveur l’a pu faire autant que[1] le mérite ;
Mais on doit ce respect au pouvoir absolu[2],
De n’examiner rien quand un roi l’a voulu.
À l’honneur qu’il m’a fait ajoutez en un autre[3] ;
Joignons d’un sacré nœud ma maison à la vôtre :
Vous n’avez qu’une fille, et moi je n’ai qu’un fils[4] ;
Leur hymen nous peut rendre à jamais plus qu’amis :
Faites-nous cette grâce, et l’acceptez pour gendre.
À des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre ;
Et le nouvel éclat de votre dignité
Lui doit enfler le cœur d’une autre vanité[5].
Exercez-la, Monsieur, et gouvernez le Prince :
Montrez-lui comme il faut régir une province,
Faire trembler partout les peuples sous sa loi[6],
Remplir les bons d’amour, et les méchants d’effroi.
Joignez à ces vertus celles d’un capitaine :
Montrez-lui comme il faut s’endurcir à la peine,
Dans le métier de Mars se rendre sans égal,
Passer les jours entiers et les nuits à cheval,
Reposer tout armé, forcer une muraille,
Et ne devoir qu’à soi le gain d’une bataille.
Instruisez-le d’exemple, et rendez-le parfait[7],
Expliquant à ses yeux vos leçons par l’effet.
- ↑ L’édition de 1637 in-12 porte avant que, pour autant que.
- ↑ Var. Vous choisissant peut-être on eût pu mieux choisir ;
Mais le Roi m’a trouvé plus propre à son désir. (1637-56) - ↑ Var. À l’honneur qu’on m’a fait ajoutez-en un autre. (1660 et 63)
- ↑
Var. Rodrigue aime Chimène, et ce digne sujet
De ses affections est le plus cher objet :
Consentez-y, Monsieur, et l’acceptez, pour gendre.
le comte. À de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre. (1637-56) - ↑ Var. Lui doit bien mettre au cœur une autre vanité. (1637-56)
- ↑ L’édition de 1682 porte, par erreur, sous la loi, pour sous sa loi.
- ↑ Var. Instruisez-le d’exemple, et vous ressouvenez
Qu’il faut faire à ses yeux ce que vous enseignez. (1637-56)