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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/139

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ACTE II, SCÈNE I.
Le Comte.

Prenez un bon conseil.Le conseil en est pris.

Don Arias.

385Que lui dirai-je enfin ? je lui dois rendre conte[1].

Le Comte.

Que je ne puis du tout consentir à ma honte.

Don Arias.

Mais songez que les rois veulent être absolus.

Le Comte.

Le sort en est jeté, Monsieur, n’en parlons plus.

Don Arias.

Adieu donc, puisqu’en vain je tâche à vous résoudre :
390Avec tous vos lauriers, craignez encor le foudre[2].

Le Comte.

Je l’attendrai sans peur.

Don Arias.

Je l’attendrai sans peur.Mais non pas sans effet.

Le Comte.

Nous verrons donc par là don Diègue satisfait.

(Il est seul[3].)

Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces[4].
J’ai le cœur au-dessus des plus fières disgrâces ;
395Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur,
Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur.

  1. Voyez tome I, p. 150, note 1, a.
  2. Var. Tout couvert de lauriers, craignez encor la foudre. (1637-56)
  3. Il n’y a point ici de jeu de scène dans les éditions de 1637 in-12 et de 1638. Dans celles de 1637 in-4o et de 1638-60, on lit : Don Arias rentre, au lieu de : Il est seul.
  4. Var. Je m’étonne fort peu de menaces pareilles (a) :
    Dans les plus grands périls je fais plus de merveilles ;
    Et quand l’honneur y va, les plus cruels trépas
    Présentés à mes yeux ne m’ébranleroient pas. (1637-56)


    (a) L’édition de 1644 in-12 porte, par erreur :
    Je m’étonne fort peu de pareilles menaces.


    Cette transposition fortuite a cela de remarquable qu’elle donne au vers la rime qu’il aura à partir de 1660.