As-tu peur de mourir ?
Viens, tu fais ton devoir, et le fils dégénère
Qui survit un moment à l’honneur de son père.
Scène III.
Apaise, ma Chimène, apaise ta douleur :
Fais agir ta constance en ce coup de malheur.
Tu reverras le calme après ce foible orage ;
Ton bonheur n’est couvert que d’un peu de nuage[1],
Et tu n’as rien perdu pour le voir différer.
Mon cœur outré d’ennuis n’ose rien espérer.
Un orage si prompt qui trouble une bonace
D’un naufrage certain nous porte la menace :
Je n’en saurois douter, je péris dans le port.
J’aimois, j’étois aimée, et nos pères d’accord ;
Et je vous en contois la charmante nouvelle[2],
Au malheureux moment qui naissoit leur querelle,
Dont le récit fatal, sitôt qu’on vous l’a fait,
D’une si douce attente a ruiné l’effet.
Maudite ambition, détestable manie,
Dont les plus généreux souffrent la tyrannie !
Honneur impitoyable à mes plus chers désirs[3],
Que tu me vas coûter de pleurs et de soupirs !