Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/149

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L’Infante.

Rodrigue est offensé ; le Comte a fait l’outrage ;
Ils sont sortis ensemble : en faut-il davantage ?

Léonor.

Eh bien ! ils se battront, puisque vous le voulez[1],
Mais Rodrigue ira-t-il si loin que vous allez ?

L’Infante.

Que veux-tu ? je suis folle, et mon esprit s’égare :
Tu vois par là quels maux cet amour me prépare[2].
Viens dans mon cabinet consoler mes ennuis,
Et ne me quitte point dans le trouble où je suis.


Scène VI.

DON FERNAND, DON ARIAS, DON SANCHE.[3]
Don Fernand.

Le Comte est donc si vain et si peu raisonnable !
Ose-t-il croire encor son crime pardonnable ?

Don Arias.

Je l’ai de votre part longtemps entretenu ;
J’ai fait mon pouvoir, Sire, et n’ai rien obtenu.

Don Fernand.

Justes cieux ! ainsi donc un sujet téméraire
A si peu de respect et de soin de me plaire !
Il offense don Diègue, et méprise son roi !
Au milieu de ma cour il me donne la loi !
Qu’il soit brave guerrier, qu’il soit grand capitaine,

  1. Var. Je veux que ce combat demeure pour certain,
    VoVotre esprit va-t-il point bien vite pour sa main ? (1637-56)
  2. Var. Mais c’est le moindre mal que l’amour me prépare. (1637-56)
  3. Var. le roi, don arias, don sanche, don alonse. (1637-56) — le roi, don arias, don sanche. (1660) — Les éditions de 1637-60 portent partout : le roi, au lieu de don fernand.