Où chacun, seul témoin des grands coups qu’il donnoit,
Ne pouvoit discerner où le sort inclinoit !
J’allois de tous côtés encourager les nôtres,
Faire avancer les uns, et soutenir les autres,
Ranger ceux qui venoient, les pousser à leur tour,
Et ne l’ai pu savoir jusques au point du jour[1].
Mais enfin sa clarté montre notre avantage :
Le More voit sa perte, et perd soudain courage ;
Et voyant un renfort qui nous vient secourir,
L’ardeur de vaincre cède à la peur de mourir.
Ils gagnent leurs vaisseaux, ils en coupent les câbles[2],
Poussent jusques aux cieux des cris épouvantables[3],
Font retraite en tumulte, et sans considérer
Si leurs rois avec eux peuvent se retirer[4].
Pour souffrir ce devoir leur frayeur est trop forte[5] :
Le flux les apporta ; le reflux les remporte[6],
Cependant que leurs rois, engagés parmi nous,
Et quelque peu des leurs, tous percés de nos coups[7],
Disputent vaillamment et vendent bien leur vie.
À se rendre moi-même en vain je les convie :
Le cimeterre au poing ils ne m’écoutent pas ;
Mais voyant à leurs pieds tomber tous leurs soldats,
- ↑ Var. Et n’en pus rien savoir jusques au point du jour.
Mais enfin sa clarté montra notre avantage :
Le More vit sa perte, et perdit le courage,
Et voyant un renfort qui nous vint secourir,
Changea l’ardeur de vaincre à la peur de mourir (a). (1637-56)
(a) Change l’ardeur de vaincre à la peur de mourir. (1637 in-12 et 44 in-4o) - ↑ Toutes les éditions portent chables, excepté celles de 1644 in-12 et de 1660-64, qui donnent câbles.
- ↑ Var. Nous laissent pour adieux des cris épouvantables. (1637-56)
- ↑ Var. Si leurs rois avec eux ont pu se retirer. (1637 et 39-56)
Var. Si les rois avec eux ont pu se retirer. (1638) - ↑ Var. Ainsi leur devoir cède à la frayeur plus forte. (1637-56)
- ↑ Var. Le flux les apporta ; le reflux les emporte. (1637 in-12 et 44 in-4o)
- ↑ Var. Et quelque peu des leurs, tous chargés de nos coups. (1638)