Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Scène V.

DON FERNAND, DON DIÈGUE, DON ARIAS, DON SANCHE, DON ALONSE, CHIMÈNE ELVIRE.
Don Fernand.

Montrez un œil plus triste. Enfin soyez contente,
Chimène, le succès répond à votre attente :
Si de nos ennemis Rodrigue a le dessus,
Il est mort à nos yeux des coups qu’il a reçus ;

Rendez grâces au ciel qui vous en a vengée.
(À Don Diègue[1].)
Voyez comme déjà sa couleur est changée.
Don Diègue.

Mais voyez qu’elle pâme, et d’un amour parfait,
Dans cette pâmoison, Sire, admirez l’effet.
Sa douleur a trahi les secrets de son âme,
Et ne vous permet plus de douter de sa flamme.

Chimène.

Quoi ! Rodrigue est donc mort ?

Don Fernand.

Quoi ! Rodrigue est donc mort ? Non, non, il voit le jour,
Et te conserve encore un immuable amour :
Calme cette douleur qui pour lui s’intéresse[2].

Chimène.

Sire, on pâme de joie, ainsi que de tristesse :
Un excès de plaisir nous rend tout languissants,
Et quand il surprend l’âme, il accable les sens.

  1. Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1637-56.
  2. Var. Tu le posséderas, reprends ton allégresse. (1637-56)