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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/352

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HORACE, mettant la main à l’épée[1], et poursuivant sa sœur qui s’enfuit.

C’est trop, ma patience à la raison fait place ;
Va dedans les enfers plaindre ton Curiace[2].

CAMILLE, blessée derrière le théâtre[3].

Ah ! traître !

HORACE, revenant sur le théâtre.

Ah ! traître !Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain[4] !


Scène VI.

HORACE, PROCULE.
PROCULE.

Que venez-vous de faire ?

HORACE.

Que venez-vous de faire ?Un acte de justice :
Un semblable forfait veut un pareil supplice.

PROCULE.

Vous deviez la traiter avec moins de rigueur.

HORACE.

Ne me dis point qu’elle est et mon sang et ma sœur.
Mon père ne peut plus l’avouer pour sa fille :
Qui maudit son pays renonce à sa famille ;
Des noms si pleins d’amour ne lui sont plus permis ;
De ses plus chers parents il fait ses ennemis :
Le sang même les arme en haine de son crime.
La plus prompte vengeance en est plus légitime[5] ;

  1. Var. Mettant l’épée à la main. (1641-48 et 55 A.)
  2. Var. Va dedans les enfers joindre ton Curiace. (1641-56)
  3. Var. cammille, derrière le théâtre. (1663)
  4. Voyez la Notice d’Horace, p. 252 et 253.
  5. Var. La plus prompte vengeance est la plus légitime. (1647)