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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/378

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Napoléon, qui avait pour Corneille une si vive admiration, voulut qu’on représentât à Saint-Cloud Cinna, avec Livie, le 29 mai 1806, et Mlle Raucourt fut chargée de remplir ce rôle ; mais cette heureuse tentative, ainsi que celle qui fut également faite à Saint-Cloud, à quelques jours de là, pour rétablir le personnage de l’Infante dans le Cid[1], n’eut aucune influence sur les représentations ordinaires, et ce fut seulement le 21 novembre 1860, sous la direction de M. Édouard Thierry, que le rôle de Livie fut définitivement remis au théâtre. À cette époque, l’habile directeur fit pratiquer dans Cinna des changements de décors analogues à ceux que le public avait déjà accueillis favorablement dans le Cid[2]. L’Examen de Cinna renferme sur ce point d’excellentes indications[3], un peu contredites il est vrai par un passage d’un des Discours[4] qui montre que Corneille n’était pas trop d’avis qu’on variât les décorations pour marquer la diversité des lieux. Au reste ces modifications n’eurent lieu alors qu’à la Comédie-Française ; et l’Odéon, qui deux jours après représentait Cinna pour le début de Mlle Karoly dans le rôle d’Émilie, ne rétablissait pas celui de Livie et ne changeait rien à la décoration.

Cinna est la première pièce dont Corneille ait obtenu le privilège en son nom avant d’avoir traité avec un libraire. Ce privilège, daté de Fontainebleau, le ier août 1642, est ainsi conçu : « Il est permis à notre amé et féal Pierre Corneille, notre conseiller et avocat général à la table de marbre des eaux et forêts de Rouen, de faire imprimer une tragédie de sa composition intitulée : Cinna ou la Clémence d’Auguste… » Il est suivi d’une mention de « la cession et transport » fait par Corneille à Toussaint Quinet, et l’on trouve dans les Mémoires de Mathieu Molé[5] l’arrêt du 16 juin qui autorise Quinet à jouir de l’effet du privilège, et du transport fait à son profit par Corneille.

L’édition originale a pour titre : Cinna ov la clemence d’Avgvste, tragedie. Imprimé à Rouen aux despens de l’Autheur

  1. Voyez ci-dessus, p. 51.
  2. Voyez ci-dessus, p. 52.
  3. Voyez ci-après, p. 379 et 380.
  4. Voyez tome I, p. 120.
  5. Tome III, p. 66 et 67.