Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/379

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et se vendent à Paris chez Toussainct Quinet… M.DC.XLIII. Avec priuilege du Roy. Sur le titre se trouvent comme épigraphe les vers 40 et 41 de l’Art poétique d’Horace :

Nec facu....Cui lecta potenter erit res,
Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo.

Ce titre est précédé d’un frontispice gravé représentant Auguste sur un trône, et Cinna, Maxime et Émilie à ses pieds ; cette dernière lui baise la main. Le volume, de format in-4o, se compose de 7 feuillets et 110 pages. L’achevé d’imprimer est du 18 janvier ; la cession à Quinet, seulement du 27, comme on le voit dans l’arrêt du 16 juin ; ce qui explique la présence sur le titre de la formule : Imprimé aux despens de l’Autheur.

En tête de Cinna se trouve le passage de Sénèque qui a donné à Corneille l’idée de sa tragédie[1], et la traduction libre de ce passage par Montaigne[2]. Cette coutume de rapprocher ainsi des poèmes dramatiques nouveaux leurs origines historiques, fut imitée par quelques poëtes et blâmée par d’autres, qui sans doute ne s’astreignaient pas à une exactitude bien rigoureuse dans le récit des événements et la peinture des caractères. C’est ce que nous apprend un auteur fort inconnu et fort digne de l’être, qui cependant, si nous l’en croyons, a eu la gloire d’être l’ami de Corneille. Ce poëte, qui se nomme le Vert et qui avait le bonheur, fort grand alors pour un poëte dramatique, d’appartenir à la Normandie[3], a fait imprimer trois pièces : le Docteur amoureux, comédie, en 1638 ; Aristotime, tragédie, en 1642 ; Aricidie, ou le Mariage de Tite, tragi-comédie, en 1646. Dans l’avis au Lecteur de ce dernier ouvrage, le Vert s’exprime ainsi : « Les préfaces, que j’aime quand elles ne sont pas trop longues, ne me semblent point

  1. Le récit de Sénèque est traduit en entier dans l’Histoire romaine de Coeffeteau (1621), fort goûtée au temps de Corneille, et de l’autorité de laquelle il s’appuie à la fin de l’avertissement de Polyeucte. Voyez plus loin, p. 478.
  2. Ces extraits, contrairement à l’usage ordinaire de Corneille, se trouvent en tête de l’édition originale. La première édition du Cid n’a point les romances ; ni la première d’Horace, l’extrait de Tite Live.
  3. Voyez tome II, p. 4.