Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/445

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Lui seul combat encor les vertueux efforts
Que sur les conjurés fait ce juste remords[1],
Et malgré les frayeurs à leurs regrets mêlées,
Il tâche à raffermir leurs âmes ébranlées.

AUGUSTE.

Lui seul les encourage, et lui seul les séduit ! 1095
Ô le plus déloyal que la terre ait produit[2] !
Ô trahison conçue au sein d’une furie !
Ô trop sensible coup d’une main si chérie !
Cinna, tu me trahis ! Polyclète, écoutez.

(Il lui parle à l’oreille[3].)
POLYCLÈTE.

Tous vos ordres, Seigneur, seront exécutés.1100

AUGUSTE.

Qu’Éraste en même temps aille dire à Maxime
Qu’il vienne recevoir le pardon de son crime.

(Polyclète rentre[4].)
EUPHORBE.

Il l’a trop jugé grand pour ne pas s’en punir[5] ;
À peine du palais il a pu revenir,
Que, les yeux égarés, et le regard farouche[6], 1105
Le cœur gros de soupirs, les sanglots à la bouche,
Il déteste sa vie et ce complot maudit,
M’en apprend l’ordre entier tel que je vous l’ai dit,
Et m’ayant commandé que je vous avertisse,
Il ajoute : « Dis-lui que je me fais justice, 1110
Que je n’ignore point ce que j’ai mérité[7]. »

  1. Var. Que sur les conjuré fait un juste remords. (1643-56)
  2. Var. Ô le plus déloyal que l’enfer ait produit ! (1643-56)
  3. Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60.
  4. Ce jeu manque dans les deux éditions de 1643. Il se trouve deux vers plus haut dans les éditions de 1648-60.
  5. Var. Il l’a jugé trop grand pour se le pardonner :
    À peine du palais il a pu retourner. (1643-60)
  6. Var. Que de tous les côtés lançant un œil farouche. (1643-56)
  7. Var. Que je n’ignore pas ce que j’ai mérité. (1643-60)