Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/459

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Qu’un remords inutile allume en ton courage.
Euphorbe, c’est l’effet de tes lâches conseils ;
Mais que peut-on attendre enfin de tes pareils[1] ?
Jamais un affranchi n’est qu’un esclave infâme ;
Bien qu’il change d’état, il ne change point d’âme[2] ; 1410
La tienne, encor servile, avec la liberté
N’a pu prendre un rayon de générosité[3] :
Tu m’as fait relever une injuste puissance ;
Tu m’as fait démentir l’honneur de ma naissance ;
Mon cœur te résistoit, et tu l’as combattu1415
Jusqu’à ce que ta fourbe ait souillé sa vertu.
Il m’en coûte la vie, il m’en coûte la gloire,
Et j’ai tout mérité pour t’avoir voulu croire ;
Mais les Dieux permettront à mes ressentiments
De te sacrifier aux yeux des deux amants, 1420
Et j’ose m’assurer qu’en dépit de mon crime
Mon sang leur servira d’assez pure victime,
Si dans le tien mon bras, justement irrité,
Peut laver le forfait de t’avoir écouté.

FIN DU QUATRIÈME ACTE.
  1. Var. Mais que peut-on attendre aussi de tes pareils ? (1643-56)
  2. Var. Et pour changer d’état, il ne change point d’âme.(1643-56)
  3. Var. N’a su prendre un rayon de générosité. (1660)