Cette page a été validée par deux contributeurs.
ACTE V.
Scène première.
AUGUSTE, CINNA.
AUGUSTE.
Prends un siège, Cinna, prends, et sur toute chose
Observe exactement la loi que je t’impose :
Prête, sans me troubler, l’oreille à mes discours ;
D’aucun mot, d’aucun cri, n’en interromps le cours ;
Tiens ta langue captive et si ce grand silence
À ton émotion fait quelque violence,
Tu pourras me répondre après tout à loisir[1] :
Sur ce point seulement contente mon désir.
CINNA.
Je vous obéirai, Seigneur.
AUGUSTE.
De garder ta parole, et je tiendrai la mienne.
Tu vois le jour, Cinna mais ceux dont tu le tiens
Furent les ennemis de mon père, et les miens :
Au milieu de leur camp tu reçus la naissance[2]
Et lorsqu’après leur mort tu vins en ma puissance,
- ↑ Voyez ci-dessus, p. 374 : Quum alteram poni Cinnæ cathedram jussisset : « Hoc, inquit, primum a te peto, ne me loquentem interpelles, ne medio sermone meo proclames ; dabitur tibi loquendi liberum tempus. »
- ↑ Var. Ce fut dedans leur camp que tu pris la naissance ;
Et quand après leur mort tu vins en ma puissance,
Leur haine héréditaire, ayant passé dans toi,
T’avoit mis à la main les armes contre moi. (1643-56)