Dès l’abord autrefois vous aimâtes Clarice ;
Celle-ci, sans la voir. Mais, Monsieur, votre nom,
Lui deviez-vous l’apprendre, et sitôt ?
J’ai cru le devoir faire, et l’ai fait avec joie.
Il est plus décrié que la fausse monnoie.
Mon nom ?
Dorante et le menteur à présent ce n’est qu’un,
Et vous y possédez ce haut degré de gloire
Qu’en une comédie on a mis votre histoire.
En une comédie ?
Que j’ai cru, la voyant, voir un enchantement.
On y voit un Dorante avec votre visage ;
On le prendroit pour vous : il a votre air, votre âge,
Vos yeux, votre action, votre maigre embonpoint,
Et paroît, comme vous, adroit au dernier point.
Comme à l’événement j’ai part à la peinture :
Après votre portrait on produit ma figure.
Le héros de la farce, un certain Jodelet[1],
Fait marcher après vous votre digne valet ;
Il a jusqu’à mon nez et jusqu’à ma parole,
Et nous avons tous deux appris en même école :
C’est l’original même, il vaut ce que je vaux ;
Si quelque autre s’en mêle, on peut s’inscrire en faux ;
- ↑ Voyez ci-dessus la Notice du Menteur, p. 123-125.