Rien n’est si véritable.
Je ne sais où j’en suis, et deviens tout confus :
Ne m’aviez-vous pas dit que vous ne mentiez plus ?
J’ai vu sur son visage un noble caractère,
Qui me parlant pour lui, m’a forcé de me taire,
Et d’une voix connue entre les gens de cœur
M’a dit qu’en le perdant je me perdrois[1] d’honneur :
J’ai cru devoir mentir pour sauver un brave homme.
Et c’est ainsi, Monsieur, que l’on s’amende à Rome ?
Je me tiens au proverbe : oui, courez, voyagez ;
Je veux être guenon si jamais vous changez :
Vous mentirez toujours, Monsieur, sur ma parole.
Croyez-moi que Poitiers est une bonne école ;
Pour le bien du public je veux le publier[2] ;
Les leçons qu’on y prend ne peuvent s’oublier.
Je ne mens plus, Cliton, je t’en donne assurance ;
Mais en un tel sujet l’occasion dispense.
Vous en prendrez autant comme vous en verrez.
Menteur vous voulez vivre, et menteur vous mourrez ;
Et l’on dira de vous pour oraison funèbre :
« C’étoit en menterie un auteur très célèbre,
Qui sut y raffiner de si digne façon[3],
Qu’aux maîtres du métier il en eût fait leçon ;
Et qui tant qu’il vécut, sans craindre aucune risque,