Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/359

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MÉLISSE.

Où dois-je vous chercher ?Ayant su la maison,
Vous pourriez aisément vous informer du nom :
1085Encore un jour ou deux il me faut vous le taire ;
Mais vous n’êtes pas homme à me vouloir déplaire.
Je loge en Bellecour[1], environ au milieu,
Dans un grand pavillon. N’y manquez pas. Adieu.

DORANTE.

Donnez quelque signal pour plus certaine adresse.

LYSE.

1090Un linge servira de marque plus expresse ;
J’en prendrai soin.

MÉLISSE.

J’en prendrai soin.On ouvre et quelqu’un vous vient voir.
Si vous m’aimez, Monsieur…

(Elles abaissent toutes deux leurs coiffes[2].)
DORANTE.

Si vous m’aimez, Monsieur…Je sais bien mon devoir ;
Sur ma discrétion prenez toute assurance[3].

  1. Place de Lyon, qui, au commencement du dix-septième siècle, était encore une prairie, souvent inondée. La ville l’acquit en 1618.
  2. Var. Elles rabaissent toutes deux leur coiffe. (1645-56) — Elles abaissent toutes deux leur coiffe. (1660-68) Voltaire (1764) a substitué baissent à abaissent.
  3. « Cette scène où Mélisse voilée vient voir si on lui rendra son portrait devait être d’autant plus agréable que les femmes alors étaient en usage de porter un masque de velours, ou d’abaisser leurs coiffes quand elles sortaient à pied. Cette mode venait d’Espagne, ainsi que la plupart de nos comédies. » (Voltaire.)