Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/371

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MÉLISSE.

1280Vous me jouez, mon frère, assez accortement :
La querelle est adroite et bien imaginée.

CLÉANDRE.

Non, je m’en suis vanté, ma parole est donnée.

MÉLISSE.

S’il faut ruser ici, j’en sais autant que vous,
Et vous serez bien fin si je ne romps vos coups.
1285Vous pensez me surprendre, et je n’en fais que rire :
Dites donc tout d’un coup ce que vous voulez dire.

CLÉANDRE.

Eh bien ! je viens de voir ton portrait en ses mains.

MÉLISSE.

Et c’est ce qui vous fâche ?

CLÉANDRE.

Et c’est ce qui vous fâche ?Et c’est dont je me plains.

MÉLISSE.

J’ai cru vous obliger, et l’ai fait pour vous plaire :
Votre ordre étoit exprès.

CLÉANDRE.

1290Votre ordre étoit exprès.Quoi ? je te l’ai fait faire ?

MÉLISSE.

Ne m’avez-vous pas dit : « Sous ces déguisements
Ajoute à ton argent perles et diamants ? »
Ce sont vos propres mots, et vous en êtes cause.

CLÉANDRE.

Eh quoi ! de ce portrait disent-ils quelque chose ?

MÉLISSE.

1295Puisqu’il est enrichi de quatre diamants,
N’est-ce pas obéir à vos commandements ?

CLÉANDRE.

C’est fort bien expliquer le sens de mes prières.
Mais, ma sœur, ces faveurs sont un peu singulières :
Qui donne le portrait promet l’original.