ACTE III.
Scène première.
Voilà comme l’amour succède à la colère,
Comme elle ne me voit qu’avec des yeux de mère,
Comme elle aime la paix, comme elle fait un roi,
Et comme elle use enfin de ses fils et de moi.
Et tantôt mes soupçons lui faisoient une offense ?
Elle n’avoit rien fait qu’en sa juste défense ?
Lorsque tu la trompois elle fermoit les yeux ?
Ah ! que ma défiance en jugeoit beaucoup mieux !
Tu le vois, Laonice.
Quelle fidélité vous conserve mon âme,
Et qu’ayant reconnu sa haine et mon erreur,
Le cœur gros de soupirs et frémissant d’horreur,
Je romps une foi due aux secrets de ma reine,
Et vous viens découvrir mon erreur et sa haine.
Cet avis salutaire est l’unique secours
À qui je crois devoir le reste de mes jours ;
Mais ce n’est pas assez de m’avoir avertie :
Il faut de ces périls m’aplanir la sortie,
Il faut que tes conseils m’aident à repousser…