Vous donner la couronne en vous tyrannisant,
Et verser du poison sur ce noble présent.
Au nom de ce beau feu qui tous deux nous consume,
Princesse, à notre espoir ôtez cette amertume ;
Et permettez que l’heur qui suivra votre époux
Se puisse redoubler à le tenir de vous.
Ce beau feu vous aveugle autant comme il vous brûle ;
Et tâchant d’avancer, son effort vous recule.
Vous croyez que ce choix que l’un et l’autre attend
Pourra faire un heureux sans faire un mécontent ;
Et moi, quelque vertu que votre cœur prépare,
Je crains d’en faire deux si le mien se déclare ;
Non que de l’un et l’autre il dédaigne les vœux :
Je tiendrois à bonheur d’être à l’un de vous deux ;
Mais souffrez que je suive enfin ce qu’on m’ordonne ;
Je me mettrai trop haut s’il faut que je me donne.
Quoique aisément je cède aux ordres de mon roi,
Il n’est pas bien aisé de m’obtenir de moi.
Savez-vous quels devoirs, quels travaux, quels services
Voudront de mon orgueil exiger les caprices ?
Par quels degrés de gloire on me peut mériter ?
En quels affreux périls il faudra vous jeter ?
Ce cœur vous est acquis après le diadème,
Princes, mais gardez-vous de le rendre à lui-même.
Vous y renoncerez peut-être pour jamais
Quand je vous aurai dit à quel prix je le mets.
Quels seront les devoirs, quels travaux, quels services
Dont nous ne vous fassions d’amoureux sacrifices ?
Et quels affreux périls pourrons-nous redouter,
Si c’est par ces degrés qu’on peut vous mériter ?
Princesse, ouvrez ce cœur, et jugez mieux du nôtre ;