Jugez mieux du beau feu qui brûle l’un et l’autre[1],
Et dites hautement à quel prix votre choix
Veut faire l’un de nous le plus heureux des rois.
Prince, le voulez-vous ?
C’est notre unique envie.
Je verrai cette ardeur d’un repentir suivie.
Avant ce repentir tous deux nous périrons.
Enfin vous le voulez ?
Nous vous en conjurons.
Eh bien donc ! il est temps de me faire connoître[2].
J’obéis à mon roi, puisqu’un de vous doit l’être ;
Mais quand j’aurai parlé, si vous vous en plaignez[3],
J’atteste tous les Dieux que vous m’y contraignez,
Et que c’est malgré moi qu’à moi-même rendue
J’écoute une chaleur qui m’étoit défendue ;
Qu’un devoir rappelé me rend un souvenir
Que la foi des traités ne doit plus retenir.
Tremblez, princes, tremblez au nom de votre père :
Il est mort, et pour moi, par les mains d’une mère.
Je l’avois oublié, sujette à d’autres lois ;
Mais libre, je lui rends enfin ce que je dois.
C’est à vous de choisir mon amour ou ma haine.
J’aime les fils du Roi, je hais ceux de la Reine :