Vous lui pouvez servir encor d’amant fidèle ;
Si j’ai su me venger, ce n’a pas été d’elle.
Ô ciel ! et de qui donc, Madame ?
Ingrat, qui n’aspirez qu’à vous voir son époux ;
De vous, qui l’adorez en dépit d’une mère ;
De vous, qui dédaignez de servir ma colère ;
De vous, de qui l’amour, rebelle à mes desirs,
S’oppose à ma vengeance, et détruit mes plaisirs.
De moi !
Le mal que tu dois craindre et le feu qui te brûle ;
Et si pour l’ignorer tu crois t’en garantir,
Du moins en l’apprenant commence à le sentir.
Le trône étoit à toi par le droit de naissance ;
Rodogune avec lui tomboit en ta puissance,
Tu devois l’épouser, tu devois être roi !
Mais comme ce secret n’est connu que de moi,
Je puis, comme je veux, tourner le droit d’aînesse,
Et donne à ton rival ton sceptre et ta maîtresse.
À mon frère ?
C’est lui que j’ai nommé l’aîné.
Vous ne m’affligez point de l’avoir couronné ;
Et par une raison qui vous est inconnue,
Mes propres sentiments vous avoient prévenue :
Les biens que vous m’ôtez n’ont point d’attraits si doux