Scène II.
Viennent-ils, nos amants ?
On lit dessus leur front l’allégresse de l’âme ;
L’amour s’y fait paroître avec la majesté ;
Et suivant le vieil ordre en Syrie usité,
D’une grâce en tous deux toute auguste et royale,
Ils viennent prendre ici la coupe nuptiale,
Pour s’en aller au temple, au sortir du palais,
Par les mains du grand prêtre être unis à jamais :
C’est là qu’il les attend pour bénir l’alliance.
Le peuple tout ravi par ses vœux le devance,
Et pour eux à grands cris demande aux immortels
Tout ce qu’on leur souhaite au pied de leurs autels,
Impatient pour eux que la cérémonie
Ne commence bientôt, ne soit bientôt finie.
Les Parthes à la foule aux Syriens mêlés,
Tous nos vieux différends de leur âme exilés[1],
Font leur suite assez grosse, et d’une voix commune
Bénissent à l’envi le prince et Rodogune.
Mais je les vois déjà, Madame : c’est à vous
À commencer ici des spectacles si doux.
- ↑ Var. Tous ces vieux différends de leur âme exilés. (1647-56)