Sujets du roi, son frère, ou qui fûtes les miens[1],
Voici de mes deux fils celui qu’un droit d’aînesse
Élève dans le trône, et donne à la Princesse.
Je lui rends cet État que j’ai sauvé pour lui :
Je cesse de régner, il commence aujourd’hui.
Qu’on ne me traite plus ici de souveraine :
Voici votre roi, peuple, et voilà votre reine[2].
Vivez pour les servir, respectez-les tous deux,
Aimez-les, et mourez, s’il est besoin, pour eux.
Oronte, vous voyez avec quelle franchise
Je leur rends ce pouvoir dont je me suis démise :
Prêtez les yeux au reste, et voyez les effets
Suivre de point en point les traités de la paix.
Votre sincérité s’y fait assez paroître,
Madame, et j’en ferai récit au Roi mon maître.
L’hymen est maintenant notre plus cher souci.
L’usage veut, mon fils, qu’on le commence ici :
Recevez de ma main la coupe nuptiale,
Pour être après unis sous la foi conjugale ;
Puisse-t-elle être un gage, envers votre moitié,
De votre amour ensemble et de mon amitié !
Ciel ! que ne dois-je point aux bontés d’une mère ?
Le temps presse, et votre heur d’autant plus se diffère.
Madame, hâtons donc ces glorieux moments :
Voici l’heureux essai de nos contentements.
Mais si mon frère étoit le témoin de ma joie…