L’ayant cherché longtemps afin de divertir
L’ennui que de sa perte il pouvoit ressentir,
Je l’ai trouvé, Seigneur, au bout de cette allée,
Où la clarté du ciel semble toujours voilée.
Sur un lit de gazon, de foiblesse étendu,
Il sembloit déplorer ce qu’il avoit perdu[1] :
Son âme à ce penser paraissoit attachée ;
Sa tête sur un bras languissamment penchée,
Immobile et rêveur, en malheureux amant…
Enfin, que faisoit-il ? achevez promptement.
D’une profonde plaie en l’estomac ouverte,
Son sang à gros bouillons sur cette couche verte…
Il est mort ?
Oui, Madame.
[2],
Qui m’enviez le bien que je m’étois promis !
Voilà le coup fatal que je craignois dans l’âme,
Voilà le désespoir où l’a réduit sa flamme.
Pour vivre en vous perdant il avoit trop d’amour[3],
Madame, et de sa main il s’est privé du jour[4].
Madame, il a parlé : sa main est innocente.
- ↑ Var. Il sembloit soupirer ce qu’il avoit perdu. (1647-56)
- ↑ Var. [Il est mort ? tim. Oui, Madame.] ant. Ah ! mon frère ! cl. Ah ! mon fils !
rodog. Ah ! funeste hyménée ! cléop. Ah ! destins ennemis !
[Voilà le coup fatal que je craignois dans l’âme.] (1647-56) - ↑ Certains exemplaires de l’édition de 1647 in-4o portent ici en marge : à Rodogune.
- ↑ Var. Et de sa propre main il s’est privé du jour. (1647-56)