Photin, je parle au roi ; vous répondrez[1] pour tous
Quand je m’abaisserai jusqu’à parler à vous.
Il faut un peu souffrir de cette humeur hautaine.
Je sais votre innocence, et je connois sa haine ;
Après tout, c’est ma sœur, oyez sans repartir.
Ah ! s’il est encore temps de vous en repentir[3],
Affranchissez-vous d’eux et de leur tyrannie ;
Rappelez la vertu par leurs conseils bannie :
Cette haute vertu dont le ciel et le sang
Enflent toujours les cœurs de ceux de notre rang.
Quoi ? d’un frivole espoir déjà préoccupée,
Vous me parlez en reine en parlant de Pompée ;
Et d’un faux zèle ainsi votre orgueil revêtu
Fait agir l’intérêt sous le nom de vertu !
Confessez-le, ma sœur, vous sauriez vous en taire,
N’étoit le testament du feu Roi notre père :
Vous savez qu’il le garde.
Que la seule vertu me fait parler ainsi,
Et que si l’intérêt m’avoit préoccupée,
J’agirois pour César, et non pas pour Pompée.
Apprenez un secret que je voulois cacher,
Et cessez désormais de me rien reprocher.
Quand ce peuple insolent qu’enferme Alexandrie
Fit quitter au feu Roi son trône et sa patrie,