Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/188

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Ne m’accusera plus de cette trahison ;
Car c’en est une enfin bien digne de supplice
Qu’avoir d’un tel secret donné le moindre indice.

Léontine

Et qui donc aujourd’hui le fait connaître à tous ?
Est-ce le prince, ou moi ?

Eudoxe

Ni le prince, ni vous.
De grâce, examinez ce bruit qui vous alarme.
On dit qu’il est en vie, et son nom seul les charme ;
On ne dit point comment vous trompâtes Phocas,
Livrant un de vos fils pour ce prince au trépas,
Ni comme après, du sien étant la gouvernante,
Par une tromperie encor plus importante,
Vous en fîtes l’échange, et, prenant Martian,
Vous laissâtes pour fils ce prince à son tyran.
En sorte que le sien passe ici pour mon frère,
Cependant que de l’autre il croit être le père,
Et voit en Martian Léonce qui n’est plus,
Tandis que sous ce nom il aime Héraclius.
On dirait tout cela si, par quelque imprudence,
Il m’était échappé d’en faire confidence.
Mais pour toute nouvelle on dit qu’il est vivant :
Aucun n’ose pousser l’histoire plus avant.
Comme ce sont pour tous des routes inconnues,
Il semble à quelques-uns qu’il doit tomber des nues,
Et j’en sais tel qui croit, dans sa simplicité,
Que pour punir Phocas, Dieu l’a ressuscité.
Mais le voici.