Scène II
D’un si profond secret le dangereux mystère.
Le tyran, alarmé du bruit qui le surprend,
Rend ma crainte trop juste, et le péril trop grand ;
Non que de ma naissance il fasse conjecture,
Au contraire, il prend tout pour grossière imposture,
Et me connaît si peu, que, pour la renverser,
À l’hymen qu’il souhaite il prétend me forcer.
Il m’oppose à mon nom qui le vient de surprendre :
Je suis fils de Maurice, il m’en veut faire gendre,
Et s’acquérir les droits d’un prince si chéri
En me donnant moi-même à ma sœur pour mari !
En vain nous résistons à son impatience,
Elle par haine aveugle, et moi par connaissance ;
Lui, qui ne conçoit rien de l’obstacle éternel
Qu’oppose la nature à ce nœud criminel,
Menace Pulchérie, au refus obstinée,
Lui propose à demain la mort ou l’hyménée.
J’ai fait pour le fléchir un inutile effort :
Pour éviter l’inceste, elle n’a que la mort.
Jugez s’il n’est pas temps de montrer qui nous sommes,
De cesser d’être fils du plus méchant des hommes,
D’immoler mon tyran aux périls de ma sœur,
Et de rendre à mon père un juste successeur.
Puisque vous ne craignez que sa mort ou l’inceste,